le poulpe est protégé de la pêche en été en Bretagne

La Bretagne est l’une des nombreuses régions où la pêche prend une place importante dans la culture locale. Les marchés locaux sont ainsi l’occasion pour les pêcheurs de présenter leurs prises du jour. Durant les trois dernières années, le poulpe était l’une des grandes stars des étals de pêche de la Bretagne. Pourtant, il est désormais protégé de la pêche en été, et son exploitation nécessite depuis septembre 2023 la présentation d’une licence.

D’espèce invasive à espèce protégée

Il y a de cela quelques années, les côtes bretonnes connaissaient une invasion atypique et sans précédent : une arrivée en masse de poulpes. Cette invasion avait pour conséquence un déséquilibre de l’écosystème marin de la Bretagne, forçant ainsi les autorités à riposter.

Tous les bateaux de pêche de la région avaient alors carte blanche pour pêcher cet envahisseur marin, une nouvelle ruée vers l’or prend forme pour bon nombre de pêcheurs. Les prises étaient par la suite exportées vers l’Italie, le Portugal ou l’Espagne. Sauf que, la tendance s’inverse rapidement, trop, à tel point que le poulpe est désormais une espèce rare dans les fonds marins bretons.

Yannick Coatmen, pêcheur ligneur dans le Finistère, s’exprime sur le sujet : « C’est vrai qu’on voyait arriver entre 40 et 50 bateaux, professionnels et amateurs, sur la même zone, ça fait beaucoup trop. Comme il n’y avait pas de réglementation, tout le monde a tapé dedans ».

Pêche au poulpe interdit en été

Afin de préserver l’espèce et ne pas revivre une nouvelle disparition des eaux bretonnes (comme ce fut le cas dans les années 70), le comité départemental des pêches du Finistère décide d’interdire la pêche dans le sud du Finistère. Cette interdiction s’étale sur une durée de trois mois, du 1er juillet jusqu’au 30 septembre. Une décision alimentée par la préservation de l’espèce dont la période de reproduction prend en grande partie place à l’occasion de la saison estivale.

Cependant, une partie des pêcheurs ne sont pas d’accord quant à la durée de cette interdiction. C’est le cas notamment de certains professionnels de la pêche opérant dans les ports de Concarneau, du Guilvinec, d’Audierne et de Loctudy.

Dans ces ports, la principale source de revenu reste les coquillages, dont raffole justement le mollusque. « Si on continue à le laisser s’installer ici, il n’y aura plus de gisement de coquilles Saint-Jacques aux Glénan », explique Romain Wallet, pêcheur ligneur et fileyeur à Concarneau. « On aura aussi moins de crustacés et le port de Concarneau va se vider », poursuit-il. Au moins une vingtaine de pêcheurs bretons ont ainsi signé un recours gracieux auprès du comité des pêches afin de révoquer cette interdiction concernant l’exploitation du poulpe durant l’été.

Le comité a répondu et tient à rassurer les pêcheurs : « Si on le laisse pondre durant l’été, lorsqu’on va retourner sur la pêcherie dans trois mois, ces poulpes qui grandissent très vite seront là pour être pêchés » – Sébastien Le Prince, vice-président du comité des pêches.

 

Rechercher