« On ne meurt pas de se casser la gueule, on ne meurt pas d’humiliation, on meurt d’un coup de couteau dans le dos », disait l’artiste Jacques Brel. Une citation qui prend sens pour la communauté écologiste de Bretagne, après que le Conseil Régional de Bretagne ait pris une décision en faveur de la pêche industrielle dans les zones protégées. Ainsi, contrairement à la Grèce, la Bretagne ne compte pas interdire la pêche au chalutage de fond, qui pourtant constitue une menace réelle pour l’écosystème marin breton.
L’hypocrisie « à la française »
C’est une nouvelle qui, en plus de créer un séisme de mécontentement du côté des écologistes de Bretagne, va également faire trembler les fonds marins des aires protégées de la région. Le 19 avril 2024, le Conseil régional breton présidé par l’ancien socialiste Loïg Chesnais-Girard a rejeté un vœu déposé par les Écologistes de Bretagne. Ces derniers avaient proposé de mettre fin à certaines pratiques de pêche industrielle ayant un impact visible et néfaste pour les aires marines protégées le long des côtes bretonnes.
Parmi ces techniques de pêche, le chalutage de fond et la senne démersale (aussi appelée senne danoise ou senne écossaise) sont notamment pointés du doigt par de nombreuses associations luttant pour la protection de l’environnement.
C’est le cas notamment pour l’association Bloom qui soulignait le sérieux de leur proposition, en le présentant comme « un tournant majeur en matière de la protection de l’océan et de transition sociale écologique de la pêche » – rappelant au passage que la pêche industrielle nuit gravement aux communautés de pêcheurs traditionnels qui font partie intégrante de la culture bretonne. Des propos qui viennent faire écho à l’appel fait le 18 avril par 260 scientifiques, via le journal Le Monde, qui mettaient en avant l’hypocrisie des aires marines protégées « à la française », où les techniques de pêche néfastes sont toujours autorisées.
Un Conseil régional « pas du tout à la hauteur des enjeux »
La décision du Conseil régional de Bretagne en faveur du maintien de certaines pratiques de pêche industrielle néfastes pour les aires protégées est vue par les associations écolos bretonnes comme un sacrifice volontaire des aires protégées déjà en grand danger. « Le débat précédant le vote a donné une image irresponsable des élus de la Région Bretagne. Les conseillers n’ont fait aucune mention de l’urgence environnementale, des recommandations scientifiques internationales et du cadre légal européen… C’est comme si les élus vivaient dans une capsule temporelle climato-sceptique coincée au XXe siècle », a notamment déclaré Swann Bommier, responsable de plaidoyer au sein de l’association Bloom.
Pour lui, le Conseil privilégie l’intérêt économique de la pêche industrielle au détriment de la préservation de la biodiversité marine de la région, démontrant « une incapacité à gouverner ; à prévoir ; à accompagner » de la part des élus bretons, qui ne sont donc « pas du tout à la hauteur des enjeux » écologiques et sociaux auxquels la Bretagne fait face. La pêche a toujours fait partie de la culture bretonne, et la région est devenue la première productrice de poissons, de coquillages et de crustacés de la France.