80 ans déjà que le Débarquement des troupes Alliées en Normandie a eu lieu. Pour marquer ce jubilé un peu particulier, le Président de la République Emmanuel Macron entame les commémorations du Jour J par une visite du site du maquis de Saint-Marcel, à 30 km environ de Vannes, dans le Morbihan, en Bretagne.
Le maquis de Saint-Marcel : haut lieu de la Résistance
Alors que la France est occupée par les Allemands, plusieurs poches de résistance se forment un peu partout dans le pays. La Résistance Française est née, et elle se spécialise dans les opérations de guérillas et de sabotages (destructions de ponts, de voies ferrées, de lignes téléphoniques…) pour contrer les occupants nazis. Des tactiques de combat mis à profit lors du Débarquement du 6 juin 1944.
En effet, alors que le gros des troupes alliées débarquait sur les plages normandes, quelques soldats français du 4e bataillon Special Air Service sont parachutés en Bretagne : à Plumelec dans le Morbihan et sur la forêt de Duault dans les Côtes-d’Armor. Le premier commando de parachutistes parvient à entrer en contact avec la poche de résistance bretonne, qui se retrouve dans une vieille ferme de la Nouette située près de Saint-Marcel. Dès lors, la Résistance bretonne enchaîne les opérations de sabotages et d’attaques commandos pour freiner les renforts allemands en provenance du front Est.
Entre-temps, le maquis de Saint-Marcel devient un haut lieu stratégique, d’une part car il servira de point de ravitaillement aux forces alliées situées en Bretagne et en Normandie tout au long du débarquement, et d’autre part, car le site devient progressivement un camp militaire où sont armés et formés les contingents de la Résistance. Tristan Leroy, conservateur du Musée de la Résistance de Saint-Marcel, raconte le déroulement des événements : « Chaque nuit, des centaines de containers sont parachutés. Ils contiennent de l’armement, des munitions, du ravitaillement, de l’équipement (45 tonnes de matériels chaque nuit). C’est vraiment un pont aérien qui s’organise sur la zone baleine et Saint-Marcel va devenir le lieu du plus grand parachutage allié en France occupée entre le 8 et le 18 juin 1944 ».
Au total, pas moins de 3 000 soldats prennent position au sein du maquis de Saint-Marcel, jusqu’à ce que les Allemands répliquent.
Les représailles allemandes
Tout bascule le 18 juin 1944, lorsque deux véhicules allemands sont attaqués aux portes du camp de Saint-Marcel. Cinq Allemands sont tués, deux sont faits prisonniers, mais l’un s’enfuit et alerte la garnison de Malestroit. 200 soldats allemands se ruent alors sur le maquis de Saint-Marcel, et les combats durent toute la journée.
Les maquisards et les parachutistes de la SAS tentent tant bien que mal de résister à l’assaut, mais l’ordre d’évacuer est donné vers 22h. Bilan : une trentaine de morts, le double de blessés et une quinzaine faite prisonniers côté Tricolore, tandis que les occupants allemands enregistrent une cinquantaine de morts, autant de blessés et vingt disparus. Les nazis se vengent alors sur la population civile de Saint-Marcel, pillant, massacrant et capturant toute personne qu’ils croisent en chemin.
Il faudra attendre le mois d’août pour que la Bretagne soit libérée, avec l’arrivée des troupes du général américain Patton.
Une fois la Guerre terminée, la ville de Saint-Marcel est décorée de la Croix de guerre avec palmes pour son rôle capital dans le bon déroulement du Débarquement et de la Libération de la France. Pour commémorer cette page de l’histoire bretonne, le Musée de la Résistance de Saint-Marcel organise du 6 juin au 31 décembre 2024 des expositions temporaires.