En février 2022, la loi dite 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification) est adoptée, obligeant dès lors les communes de toute la France à « dénommer les voies et les lieux-dits, donner un numéro à chaque usager et fournir l’adressage au format Base Adresse Locale dans la Base adresse nationale ». Petit problème, cela conduit à la « débretonnisation » progressive et silencieuse de nombreux lieux-dits, alerte l’association Koun Breizh. Cette dernière fait appel à l’UNESCO pour protéger la toponymie bretonne.
Koun Breizh à la lutte pour la sauvegarde des lieux-dits en langue bretonne
L’association bretonne Koun Breizh (« Souvenir breton »), se lance dans une lutte pour la sauvegarde des lieux-dits en langue bretonne. Cette lutte est animée par la volonté de préserver la langue régionale face au formatage des adresses postales imposé par la loi 3DS. Depuis 2022, cette loi a pour objectif de simplifier l’échange de données, notamment en standardisant au format « Base Adresse Locale » les adresses et lieux-dits des communes de moins de 2 000 personnes, dans toute la France. « Bien des petites communes ne disposaient d’aucune adresse, ce qui pénalisait les services, au premier rang les administrés et les communes elles-mêmes », peut-on lire sur le site data.gouv.fr.
Néanmoins, pour l’association bretonne, l’usage de la langue régionale pour l’adressage des lieux-dits revêt une signification culturelle importante : « Il n’existe plus aucun lien entre le nom et la parcelle de territoire ainsi nommée, alors que le nom en langue bretonne indique toujours une caractéristique liée à l’histoire du lieu, à la nature du sol ou à sa situation dans son environnement. Avec la loi 3DS (…) c’est l’aboutissement de la politique de francisation de la Bretagne ».
La langue bretonne menacée
Dans sa lutte pour la préservation de la langue bretonne pour l’adressage de nombreux lieux-dits, l’association Koun Breizh a adressé une requête à l’Unesco afin d’obtenir l’inscription « en extrême urgence de la toponymie bretonne (…) sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ». Cela pourrait aboutir en faveur de l’association puisque l’on compte actuellement un peu plus de 200 000 locuteurs actifs de la langue bretonne. 80% d’entre eux ont plus de 60 ans, faisant ainsi de la langue bretonne étant une langue « gravement menacée » selon l’Unesco.
En parallèle, l’association « sollicite un moratoire sur l’application de la loi 3DS, le temps que l’on puisse dresser un bilan fiable et précis des atteintes infligées » à la toponymie bretonne « millénaire ». En mars 2024, le village de Plouégat-Guérand, près de Morlaix, dans le Finistère, s’est battu pour la préservation des noms bretons pour ses 140 lieux-dits.
Cette petite commune de 1065 habitants avait alors obtenu gain de cause auprès de la Poste, cette dernière s’étant engagée à s’adapter aux décisions de la commune. Ce scénario, l’association Koun Breizh souhaite le réitérer, mais à l’échelle régionale, afin de sauvegarder le patrimoine culturel riche et intemporel que représente la langue bretonne.